MARC BLOUIN: TRANSPORTER DU BOIS EN TEMPS DE PANDÉMIE
En cette période de pandémie, le domaine forestier est aussi touché par la COVID-19. Au moment de rédiger cet article, plusieurs usines avaient réduit ou cessé leur production, car la construction résidentielle avait cessé ou ralenti selon où on se trouvait au Canada ou aux États-Unis. L’entreprise Transport Marc Blouin inc. n’est pas encore affectée par cela, car la période de dégel avait fait arrêter les livraisons de toute façon. Cependant, le propriétaire M. Blouin se dit inquiet pour les prochains mois. Est-ce que le travail va reprendre normalement? Y aura-t-il un ralentissement? Une perte de revenus? Une façon différente de faire les livraisons? Seul l’avenir le dira.
Habituellement, le transporteur forestier qui a pignon sur rue à Saint-Isidore-de-Clifton, livre chez Domtar à Windsor, Fontaine à Woburn, Blanchette et Blanchette à Saint-Gérard, Marcel Lauzon à East Hereford, Champeau à Saint-Malo, Scierie Paul Vallée à Saint-Isidore et Carrier Bégin à Saint-Honorée-de-Shenley.
« On transporte un peu de tout, entre du 8 à 16 pieds, soit du tremble, du sapin, de l’épinette blanche, de l’érable, du merisier, du cerisier, du frêne, de la plaine, du pin blanc, du pin rouge et de la pruche. On travaille presque qu’exclusivement pour le groupement Aménagement forestier et agricole des Sommets inc. à Coaticook qui, de son côté, passe par le Syndicat des Producteurs forestiers du Sud du Québec. »
Deux camions pour être efficaces
Actuellement, Marc Blouin fonctionne à deux camions. Un camion qui est en opération jour et nuit, la portion de nuit étant donnée à un autre employé. L’autre camion est conduit par son fils Gabriel, 19 ans, qui en est à ses premières expériences. Depuis un an, il conduit un camion 2001. « C’est la chose à faire pour un jeune qui débute. Ça permet de réduire les frais d’assurance et le stress que pourrait occasionner la conduite d’un camion neuf. »

Marc et Gabriel Blouin.
« Moi, je change de camion aux trois ans, car utiliser un camion jour et nuit, ça use l’équipement rapidement. Après six ans, un camion est à changer, car le coût d’entretien devient trop important. Quand un camion est souvent brisé, c’est une perte de temps pour nous », précise Marc.
Transporteur forestier : parcours et défis
Comme c’est souvent le cas pour les jeunes qui ne voient pas rapidement comment les études peuvent les amener à un métier, Marc a préféré quitter l’école à 15 ans pour aller travailler. Sa première expérience fut à Scierie Labranche à Saint-Isidore-de-Clifton. De 15 à 19 ans, il chargeait les camions dans la cour à bois.
À 19 ans, il a conduit un camion d’une compagnie qui faisait des routes en asphalte. Ensuite, de 19 à 22 ans, il a transporté du bois de quatre pieds pour Éric et Georges Beloin. À 22, il devenait camionneur pour Marc Poudrier de qui, il a acheté les équipements en 2006, alors qu’il avait 32 ans. À cette époque, le propriétaire avait un camion, un 1999, qui avait environ six ans d’usure. Marc a conservé ce camion, le permis de transport de bois ainsi que les clients de l’ancien propriétaire. Depuis, il a acheté cinq autres camions, dont le 5e récemment, un Western Star 2021.
« Travailler dans le bois, ça sent bon. J’aime aussi ce métier pour la liberté que ça procure. On charge le bois, on le livre, on est libre de notre horaire tant que l’ouvrage est fait. J’aime conduire sur des chemins en forêt ou des petites routes, pas dans le gros trafic des villes. Cependant, nous faisons face à des défis, il y a souvent des imprévus notamment à cause des conditions météo. On ne peut pas toujours prévoir d’avance, on doit annuler à cause de la pluie, des tempêtes de neige ou du gel à l’automne. Les chemins en mauvais état, les trous ou la boue peuvent grandement affecter notre travail. Dans ces cas-là, on essaie d’aller chercher le bois chez un autre client. Être un transporteur forestier demande de la patience, un amour pour le bois et un intérêt marqué pour les camions. »
Outre son père qui a travaillé sur une chargeuse dans un moulin à scie, personne de la famille n’a été camionneur. Marc est donc fier que son fils Gabriel suive ses traces. Son fils Luka, 13 ans, semble aussi avoir un intérêt pour ce métier. Marc a aussi deux autres enfants, Mathis, 14 ans, et Audrey, 21 ans, qui étudie en soins infirmiers et qui a répondu à l’appel de la COVID-19 pour aller travailler auprès des malades. Sa sœur Lucie fait la tenue de livres pour la compagnie.
Plus difficile avec les années
L’homme qui habite à Cookshire Eaton trouve cela plus difficile avec le temps, car il se lève encore à 3 h le matin et termine ses journées vers 15 h. À deux hommes, ça fait des journées de 20 heures environ.
Il trouve aussi cela plus stressant à cause des lois qui sont sévères, et selon M. Blouin, il n’y a pas toujours de logique dans la façon dont on les applique. Les policiers sont plus présents et font des contrôles sur les équipements.
« Du côté des clients, tout va vite, tout presse. Cependant, il reste j’ai encore des clients fidèles qui m’appellent et me disent : ” J’ai du bois de prêt, quand ça t’adonne, tu viendras, précise en souriant Marc Blouin. ”»
Josie Lande, collaboration spéciale